FIN DU MONDE SPÉCIALE 14 JUILLET
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Depuis 2015 déjà, je n’avais plus proposé d’article « Spécial 14 Juillet » destiné à présenter quelques films ou téléfilms français tombés un peu dans l’oubli. Voilà qui est réparé (si on veut) avec cette spéciale fin du monde à la française présentant de futurs mondes dévastés. Des mondes présents et futurs où les individus rêvent encore de familles et de maternités. Des maternités qui sont condamner à s’entretuer pour une bouchée de pain, ou à l’inverse, pour une simple pièce de monnaie. Un peu comme si on glissait directement les fœtus dans les broyeurs à viande du futur. Et quoique l’on puisse en dire ou en penser, les Français n’ont jamais été en reste en matière d’anticipation. Et seuls les budgets de leurs films restent à la traîne, ce qui les ampute généralement de la qualité et de la notoriété recherchées. Néanmoins, voici quelques films que j’ai pu voir ces dernières années et qui ne m’ont pas déplus, bien au contraire…
LE DERNIER HOMME (1970) de Charles L. Bitsch.
L’intrigue : Au retour d’une mission, trois spéléologues, Jean-Claude, sa femme Catherine et Eva, se retrouvent être les seules personnes encore vivantes sur la Terre. Une guerre chimique a provoqué la mort de la population et des animaux. Le trio s’organise afin de survivre. Jean-Claude et Eva meurent après avoir été en contact avec des cadavres. Catherine, enceinte, a échappé à la contamination, et donne naissance à un garçon…
Ce film co-produit par l’ORTF propose une fin du monde réécrite par le réalisateur/scénariste Charles L. Bitsch sous la forme d’une renaissance, proche de celle de la « Genèse » de l’Ancien Testament. Une version qui a d’ailleurs été énormément exploitée au cinéma, entre les potentiels « Adam » du futur ou les dernières femmes fertiles sur Terre. Généralement, pour pimenter l’intrigue, il suffit d’y ajouter deux femmes pour un seul homme, ou à l’inverse, et c’est ce qui engendre généralement des conflits plus violents : deux hommes pour une seule femme.
Mais pour rester sur ce sujet sous-entendu et pour laisser la parole à Jean-Claude Dusse, égaré en pleine montagne avec deux femmes dans LES BRONZÉS FONT DU SKI (1981), les deux femmes reconnaissant pour lui faire plaisir qu’en cas de force majeure elles accepteraient de coucher avec lui, Jean-Claude Dusse de s’écrier énergiquement « Dans dix minutes, je nous considère comme définitivement perdus !! ».
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LE DERNIER HOMME fait suite à quelques petites productions post-apocalyptiques italiennes comme ECCE HOMO, LES SURVIVANTS (1968) de Bruno Gaburro, ou LA SEMENCE DE L’HOMME (1969) de Marco Ferreri. LE DERNIER HOMME est très posé, avec une ambiance Fifties sous-jacente, bien que Charles L. Bitsch semble avoir tenté de gommer tout ce qui pouvait ancrer le film dans son époque de tournage, avec des décors minimalistes. Une volonté que, à l’inverse, le cinéma d’anticipation des dix années suivantes se refusera, dans une certaine généralité. Difficile choix que de vouloir ou ne pas vouloir faire un clin d’œil à son époque ou à l’actualité.
LE DERNIER HOMME fait néanmoins référence à la bombe à neutrons (ou bombe N) fabriquée et testée au cours des années 60. La bombe N est une arme nucléaire tactique de puissance explosive réduite, conçue pour libérer une grande partie de son énergie sous forme d’émissions neutroniques. Le rayonnement neutronique inflige des dégâts aux tissus organiques et aux composants électroniques, tout en ayant des retombées radioactives minimes. Ainsi, LE DERNIER HOMME place ses trois personnages dans un monde déshumanisé, mais loin d’être dévasté, ce qui ne nécessite pas un budget conséquent.
DEMAIN, LA FIN DU MONDE (1971) de Michel Polac.
J’ouvre une courte parenthèse avec ce film qui n’a rien de futuriste. C’est simplement un constat désabusé sur l’existence, la politique, la course aux armements. On ressent dans ce téléfilm de l’ORTF, diffusé en 1971, le futur étendard du « No Futur » porté à la fin des années 70 et par les jeunes des années 80.
L’intrigue : De nos jours, à Paris, un homme est excédé par l’absurdité de la vie quotidienne. Il ne supporte plus que les jours se succèdent les uns aux autres, tous semblables. Par n’importe quel moyen, il décide que cela doit changer…
À noter, la présence dans le film, de Léon Zitrone, de Bertrand Poirot-Delpech, et de toute la troupe du Magic Circus. Ou, toute une époque de la Télévision Française de grande écoute, sous Georges Pompidou et Giscard, concentrée en un téléfilm. Et mes souvenirs d’enfance aussi. Donc la Fin du Monde entre les interminables états d’âme de « La Noiraude » et les derniers mots expéditifs de Gros Nounours de « Bonne nuit les Petits ». Mais DEMAIN, LA FIN DU MONDE de Michel Polac montre surtout une ambiance très parisienne d’hier (et d’aujourd’hui), ou des grandes mégapoles.
Enfin, ce thème sur l’absurdité de la vie quotidienne a touché une partie du cinéma européen des années 70. Et notamment le cinéma de Wim Wenders et de Peter Handke, qui feront naître le « road-movie » allemand. Mais en 1987, les mêmes Wenders et Handke prendront finalement ce thème à contre-pied avec LES AILES DU DÉSIR (1987) et avec son ange renonçant à la routine de l’immortalité afin de goûter aux plaisirs terrestres. Ah, ces belles et rassurantes années 80 !
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DEMAIN, LES MÔMES (1976) de Jean Pourtalé.
L’intrigue : Après un cataclysme qui a ravagé la planète à partir d’ondes sonores, Philippe cherche désespérément à rejoindre un groupe humain constitué majoritairement d’enfants, d’autant que sa compagne a été assassinée sous ses yeux par des rôdeurs. Son seul espoir est de localiser l’endroit d’ou proviennent les lointaines émissions radio qu’il arrive encore à capter. Et c’est au moment où il va se mettre en route que les enfants arrivent, mais ils s’avèrent être extrêmement indifférents au monde adulte qui les entoure…
Un bon petit film post-apocalyptique qui traite différemment le thème des RESCAPÉS DE L’AN 2000. Nettement moins connu que le film espagnol de Narciso Ibáñez Serrador ou que « Les Enfants du Maïs » de Stephen King (édité en 1977 et adapté à plusieurs reprises au cinéma et à la télévision), DEMAIN LES MÔMES n’est pas un film d’enfants meurtriers, mais le résultat est peut-être plus dur encore. Le film montre une rupture entre deux mondes : l’ancien système et le monde dévasté. Silencieux et entourés d’adultes handicapés, les enfants reconstruisent un nouveau monde, le leur. Ceux qui, comme Philippe, cherchent à reconstituer l’ancien système pour s’y appuyer comme sur une béquille, ne trouveront aucune place parmi cette future génération. Ils finissent fatalement par s’exclure eux-mêmes pour devenir des rôdeurs. DEMAIN LES MÔMES est aussi une métaphore un peu cruelle sur le temps qui passe et sur le sentiment de vieillir.
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Philippe est joué par Niels Arestrup, alors tout jeune et excellent dans son rôle. Plus jeune encore, la bouille d’Emmanuelle Béart se mélange aux autres petites bouilles des enfants du futur.
LES RAISINS DE LA MORT (1978) de Jean Rollin.
L’intrigue : Une jeune femme découvre la présence d’un pesticide sur les vignes des propriétés environnantes. Elle apprend rapidement que le produit est très toxique : tous ceux qui goûtent au vin produit par les grappes contaminés deviennent de dangereux zombies tueurs…
Un résumé trouvé sur Allociné qui ressemble assez à celui de TOXIC ZOMBIES (1980) et à sa communauté de paysans hippies intoxiqués par les pesticides déversés sur leur récolte de marijuana. À la différence tout de même que dans LES RAISINS DE LA MORT, il n’y a aucun zombies mais des humains infectés et aux pulsions meurtrières. Ce n’est donc pas un film post-apocalyptique, mais un film d’épidémie virale annonce forcément une dévastation qui va crescendo. Et depuis les années 2000, les films d’infectés sont devenus synonymes d’apocalypse.
Certains considèrent d’ailleurs que ce film de Jean Rollin anticipe à lui seul tout le sous-genre du « film d’infectés ». Mais après réflexion et quelques visionnages de films, j’en ai trouvé toute une série qui lui sont eux-mêmes antérieurs.
Je peux déjà indiquer I DRINK YOUR BLOOD (1971) avec son gang de motards assassins et délirants, infectés par le virus de la rage. Puis DOOMWATCH (1972) de Pater Sasdy, dans lequel, une pseudo-marée noire camouflant des déchets chimiques néfastes, engendre des modifications sur la faune abyssale ainsi que l’acromégalie et des pulsions meurtrières sur les habitants d’un village côtier. Et évidemment, LA NUIT DES FOUS VIVANTS (1973) de George A. Romero, qui avec LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (1968) fait de son réalisateur, l’un des fondateurs des films de zombies et d’infectés modernes. Beaucoup plus poétique, LE MESSIE DU MAL (1973) annonce pourtant une épidémie qui engendre des meurtres en cascade. Je pense aussi au MÉTRO DE LA MORT (1973) de Gary Sherman, bien que ce film relève plutôt d’un autre sous-genre qui est finalement assez récent : le Survival suburbain. Et j’ajouterai la série télévisée anglaise THE CHANGES (1975) dont le virus meurtrier est symbolisé par le modernisme, les engins motorisés, la télévision, les ondes hertziennes ou téléphoniques, les citadins devant finalement fuir les villes et migrer vers des endroits inhabités plus reculés. Enfin, dans le film espagnol de León Klimovsky, ÚLTIMO DESEO (1976), une dévastation nucléaire réduit la race humaine à des hordes d’aveugles assassins. Sans oublier la diptyque FRISSONS (1975) et RAGE (1977) de David Cronenberg et ses parasites sexuels et meurtriers.
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Très loin des ambiances poético-gothiques des films précédents de Jean Rollin, LES RAISINS DE LA MORT ne fait pourtant pas l’impasse sur certaines influences dans les décors et les accessoires. La scène où Brigitte Lahaie sort de l’obscurité, accompagnée de deux immenses dogues, fait forcément référence à l’apparition de la princesse Asa Vajda au début du MASQUE DU DÉMON (1960) de Mario Bava. Et la présence de l’actrice de films X, Marilyn Chambers, dans RAGE (1977) de David Cronenberg au sujet presque similaire, a sûrement influencé Rollin a faire tourner Brigitte Lahaie dans ces RAISINS DE LA MORT, puis dans FASCINATION, l’année suivante. En dehors de l’accidentel LAC DES MORTS-VIVANTS (1977), Jean Rollin exploitera de nouveau le sujet de la contamination en 1982 avec LA MORTE-VIVANTE. Et bien que ce soit un pur film de zombie, LA MORTE-VIVANTE n’en garde pas moins ce lyrisme et ces errances féminines chers à son réalisateur.
En attendant, LES RAISINS DE LA MORT est consultable en streaming sur YouTube.
AÉROPORT, CHARTER 2020 (1980) de Pierre Lary.
Voilà un titre qui ne paye pas de mine. Surtout après l’interminable série de films comme AIRPORT (1970), LES NAUFRAGÉS DU 747 (1977), AIRPORT 80 : CONCORDE (1979), SOS CONCORDE (1979) et la parodie du collectif ZAZ, AIRPLANE (1980, en Français :Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION?). On se devait de tomber dans le panneau planté au milieu de l’allée, en oubliant que certains films peuvent nous réserver des surprises. Et derrière ce téléfilm produit par Antenne 2 se cache une intrigue passionnante qui nous fait bourlinguer entre un sujet de film catastrophe, un autre d’espionnage, puis finalement, celui d’une dystopie mutante et divisée en plusieurs états en pleine guerre froide, et où les rapports physiques sont exclus. Et finalement, AÉROPORT, CHARTER 2020 commence là où un film catastrophe classique se serait conclu.
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L’intrigue : 2020. Un concorde dans un état déplorable traverse le ciel de France. À bord, des animaux et quelques passagers : le commandant aveugle, son fils, un vieux couple, Simone et Jacques, Nicole qui attend un bébé. La nuit tombe et il n’y a aucune lumière au sol, la radio reste muette et l’avion descend. Mais une autre réalité les attend…
Le monde futuriste présenté dans ce téléfilm est plutôt intéressant. Par exemple, les uniformes de cette nouvelle civilisation sont très élaborés. Les murs de détention sont parfois remplacés par des sortes de toiles d’araignée vivantes et absorbantes. Et un détail amusant : les humains communiquent à l’aide d’oreillettes, assez fidèles à celles utilisées de nos jours par les conducteurs d’automobiles.
Pour ceux qui se méfient des productions françaises des années 80, AÉROPORT, CHARTER 2020 est un téléfilm extrêmement sérieux, souvent sombre et sans aucun cabotinage.
GUEULE D’ATMOSPHÈRE (1980) de Maurice Château.
Avec son titre qui rappelle immanquablement la voix d’Arletty, GUEULE D’ATMOSPHÈRE est un court téléfilm régional de 52 minutes, produit par France 3 Alsace et tourné aux alentours de Strasbourg.
L’intrigue : Après la grande dépression, le monde est dévasté et l’humanité déstructurée, chaque groupe s’inventant ses nouvelles règles. Un père et son fils tentent d’atteindre la réserve où la vie serait meilleure, « Le Doux ». Mais les embûches et rencontres seront nombreuses…
Un scénario très stéréotypé, mais qui date du début des années 80, donc les imitations sont beaucoup plus nombreuses ultérieurement qu’antérieurement. Encore rares étaient les séries B qui utilisaient ce canevas dans les années 70 : la quête d’un Eldorado mythique en pleine apocalypse nucléaire et face à une dictature militaire. Au final, cette GUEULE D’ATMOSPHÈRE est plutôt bricolée, tournée dans des décors miniers ou dans des décharges et certains costumes sont assez craignos et rappellent un peu les futurs nanars italiens post-apocalyptiques. Mais la chute est plutôt surprenante et rehausse le niveau du téléfilm.
LA TENDRESSE DU MAUDIT (1980) et RÂ (1984).
Deux raretés que sont ces deux court-métrages d’animation édités avec deux autres courts, en VHS dans les années 80 chez Scherzo sous le titre BARBE BLEUE, HISTOIRES D’APOCALYPSE ET DE MAGIE.
Les quatre films en question sont BARBE BLEUE (1979) d’Olivier Gillon et L’INVITÉ (1984) de Guy Jacques. Et pour les deux titres qui nous intéressent ici, ce sont LA TENDRESSE DU MAUDIT (1980) de Jean-Manuel Costa, qui a remporté plusieurs prix, dont un au Festival d’Avoriaz.
L’intrigue : Dans Paris dévasté après une guerre nucléaire, une gargouille de la cathédrale Notre-Dame reprend vie…
Jean-Manuel Costa est un réalisateur très humble de court-métrages d’animation en stop-motion inspirés des effets spéciaux de Ray Harryhausen. Vous pouvez visiter son site. Longtemps connu uniquement des festivaliers, le travail de Jean-Manuel Costa touche désormais un plus large public de cinéphiles puisque le double-DVD, DÉMONS ET MERVEILLES édité en octobre 2016 rend enfin à César ce qui appartient à César. Et à propose de César, voici une vidéo de remise d’un César en 1982 pour LA TENDRESSE DU MAUDIT, Costa s’y définissant ainsi : « Quand j’étais jeune, presque beau et plein de cheveux ».
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Enfin, RÂ (1984) de Thierry Barthes et Pierre Jamin. Le film est consultable sur Viméo ICI, et voici quelques indications trouvées sur le blog de Thierry Barthes :
« Court-métrage réalisé par Barthes & Jamin en 1984, en animation volume. Entièrement fait à deux ; il dure 17 minutes et a nécessité deux ans et demi de travail pour la fabrication des marionnettes, des décors, la création de la maison de production. 9 mois de tournage image par image…RÂ a remporté une dizaine de prix dans les festivals (Clermont Ferrand, Annecy), a été sélectionné à Berlin, à Tokyo, à Cannes dans le cadre d’ « Un certain regard », et a été nominé aux César. Acheté par TF1, FR3, Canal +. Il a aussi obtenu une subvention, une prime à la qualité du CNC et a fait l’objet d’une sortie vidéo ».
L’intrigue : Dans un monde où le soleil a tout brûlé, seule une autoroute suspendue n’a pas fondu. Quelques rescapés s’accrochent et pensent trouver refuge dans un immeuble encore debout. Mais pourquoi cet immeuble n’a pas été enseveli dans le sol en fusion comme tous les autres ? Ils le découvriront… trop tard.
BOUM !
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